

Sa mère, neurochirurgienne rappelons-le, travaillait activement depuis des années sur un sujet de recherche complexe, sur un médicament permettant une prise en charge révolutionnaire des malades d'Alzheimer. Une recherche que les neurologues du pays attendaient de voir au plus vite, pour pouvoir mieux s’occuper de leurs patients, dans l’espoir de débloquer un jour les choses. Mais les résultats de cette étude étaient plus que redoutablement protégés.
Un défi qui avait su attirer la curiosité du benjamin des Tanaka.
S’il faisait fuiter ces résultats, il les rendait inexploitables, il empêchait le financement de l’étude par les laboratoires qui n’auraient aucun intérêt à mettre leurs sous dans une étude qui n’étaient même pas foutue de protéger ces données pourtant secrètes. Est ce qu’il avait eu le moindre remords à les publier en ligne alors que sa mère et son équipe traversaient une passe de l’équipe plus compliquée que prévue ? Pas le moindre du monde, et appuyer sur le bouton entrer alors qu’il savait les conséquences de ses actes avait été si simple.
Oh, bien sûr, il s’était fait engueuler cette fois ci.
Il avait 15 ans, un ordinateur performant et n’en était pas à son coup d’essai. Il avait déjà eu des emmerdes avec la police parce qu’il avait infiltré leurs systèmes de communication et même pas parce qu’il s’était amusé à détourner les fonds de grands riches qui n’avaient pas compris ces dépenses soudaines dont ils ne se souvenaient pas. Autant dire que tout le monde était de parfaits incapables, là où lui… lui avait de l’or au bout des doigts.
Et il comptait bien s’en servir.
Après une énième dispute avec ses parents, plus véhémente que les précédentes, après avoir été engueulé par sa soeur qui lui reprochait de n’être qu’une erreur, d’avoir fait pleurer leur mère et de n’être qu’une source de problèmes, Hanzō avait décidé de prendre le large.
Oui, à quoi bon rester si c’était pour se prendre de telles réflexions ?
Le 4 mars 2016, l’adolescent japonais faisait ses premiers pas à Séoul.Pourquoi cette destination alors qu’il ne parlait pas un mot de coréen ? Sans doute parce qu’il savait qu’il y avait une communauté japonaise assez développée pour qu’il puisse y trouver une petite place, un petit coin ou vivre. Du moins, c’était ce qu’il avait espéré.
Voilà qu’il avait vécu dans la rue à son arrivée, un peu trop longtemps à son goût, le temps de trouver un hôtel où ils parlaient japonais, squatter une chambre avec les sous qu’il avait détournés de quelques ultra riches avant de quitter son domicile. Et puis au bout de quelques mois, trois trop longs mois à son goût, il avait trouvé son premier appartement. Quelque chose de tout juste convenable, une petite salle de bain, une petite chambre, une petite cuisine. Un petit chez lui quoi.
Et il avait trouvé un job : barista. Ça lui apprenait à parler coréen, ça lui apprenait aussi à supporter les gens, sourire et se détendre malgré les inconnus. Finalement, il s’y était assez bien accoutumé.
Sans doute que l’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais c’était mal connaître cet enfant.
Evidemment qu’il avait continué.
Il avait acheté un set up plus cher que trois loyers, avait trouvé de nouvelles victimes, et avait commencé à se faire connaître sous le pseudonyme d’Achlys. Non pas qu’il s’identifiait à cet esprit du brouillard de la mort, cette personnification de la tristesse et du malheur, mais il trouvait juste le nom sincèrement stylé. Et il commençait à signer ses méfaits, à l’aide d’un petit programme qu’il installait sur les ordinateurs et qui diffusait une petite musique en boucle sur l’appareil défectueux et inutilisable.
Oui, Hanzō s’amusait bien, à sa façon.
I
I CAN DO THIS WITH MY EYES CLOSED
Mais à signer ses méfaits, il avait permis à des malfaiteurs de remonter jusqu’à lui. Curieux et avide de ses talents, le Hanhalla avait suivi sa piste et un jour était venu sonner chez lui un gars, un parfait inconnu, qui se disait être là pour lui proposer une meilleure vie. Sans doute ne s’était-il pas attendu de se retrouver nez à nez avec un gamin de 17 ans qui se curait le nez sur le pallier de son appartement pas bien grand parce qu’il était resté un moment statique et mutique. Le recruteur s’était ressaisit et lui avait expliqué qui ils étaient, qu’est ce qu’ils lui proposaient et ce qu’ils attendaient de lui.
Hanzō n’était pas dupe. Si ce mec se présentait comme “sympa” au premier abord, il ne voulait que ses capacités, et il n’avait pas l’air particulièrement fréquentable. Et du haut de son petit mètre soixante-dix, Hanzō le toisait. D’en bas oui, mais il le toisait, et avec tout le culot dont il était disposé, il avait refusé l’offre. Il connaissait vaguement ce gang puisque petit criminel qu’il était, il s’était renseigné sur les organisations criminelles du coin parce qu’il n’était pas dupe, tôt ou tard, on viendrait toquer à sa porte. Et le Hanhalla, il ne les aimait pas. Il avait entendu parler de leurs méthodes, il n’avait rien en commun avec eux, alors évidemment qu’il n’allait pas les rejoindre, ces malfrats.
Mais le Hanhalla était tel que “qui n’est avec eux, est contre eux”.
Et la tête d’Hanzō fut bientôt mise à prix.
Cela dit, hors de question pour lui de finir sa vie si tôt. Et s’il fallait faire le nécessaire pour survivre, Hanzō le ferait.
C’est ainsi qu’à seulement 17 ans, le jeune hackeur avait rejoint la division d’information du Seoman. Oui, rejoindre un gang pour en fuir un autre pouvait ne pas sonner comme le plan du siècle, mais finalement, c’était un plan qui lui allait très bien. A vivre et travailler avec et pour le Seoman, il avait appris à maîtriser le coréen, il avait rencontré des gens plus uniques les uns que les autres, et avait appris la définition du mot “amis”, lui qui n’en avait jamais eu.
Face claim : Soul (P1HARMONY)
