Il était une fois, deux amants qu’un amour plus fort que tout ne permettait pas dissocier. Ils s’étaient rencontrés sur les bancs de la faculté de droit après de nombreuses déceptions amoureuses, toutes aussi douloureuses les unes que les autres. Elle était ravissante avec sa longue chevelure brune et ses cils si longs qu’ils pouvaient sans difficultés transpercer son cœur. Il était très charmant avec son sourire lumineux  et ses yeux si pétillants qu’ils habillaient une pièce à eux seuls.
Ils s’étaient séduits en une fraction de seconde, s’étaient apprivoisés en quelques mois et s’étaient aimés une vie entière.

 

Il était une fois un homme et une femme qui s’aimaient plus que tout au monde et que rien n’aurait pu séparer. 

Elle était coréenne, il était japonais. Et là où par l’Histoire leurs peuples s’étaient haï, eux s’étaient aimés à en perdre la raison.  Ils avaient flirté avec l’euphorie des premiers jours, ils avaient dansé avec les papillons des premiers mois, ils avaient mûri avec l’amour des premières années.

 

Il était une fois un homme et une femme qui avaient jugé qu’il était temps pour eux de sceller leur amour en fondant une famille.

Mais leur amour ne portait pas de fruits. Ils essayèrent une année, puis deux, puis trois. Puis ils eurent recours à la science, avant que l’heure ne tourne trop vite pour leur couple. Et après quelques tentatives infructueuses au Japon puis aux USA où le couple venait de s’installer, Haruko était né.

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L’enfant avait grandi, lentement mais sûrement. Protégé par des parents dont il était le précieux fruit des entrailles, fils unique bien trop aimé, bien trop choyé. Et dans cet environnement des plus parfaits, il s’était épanoui.

Haruko avait fait ses premiers pas, ses premières chutes, il avait dit ses premiers mots, il avait ri, il avait pleuré, il avait eu des caprices, il avait grandi, comme tout enfant de son âge.  

Puis il avait été à l’école, comme tout le monde. Il était populaire, avec sa bouille d’ange et son doux caractère, autant auprès des encadrants que de ses amis. Il avait plu à ses camarades, à rayonner, à facilement faire graviter les foules autour de lui, à prendre de son temps pour les autres. Il était brillant, toujours le premier de sa classe, jusque tard à la faculté. Il avait plu à ses enseignants, étudiant curieux aux remarques toujours pertinentes. 

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Haruko avait toujours été l’étudiant parfait.
Capitaine de l’équipe de football, en couple avec la plus charmante des jeunes femmes de la promotion, premier de la classe,  promis aux universités de médecine les plus brillantes, un charmant minois lui offrant l’accès au monde bien sélectif du mannequinat, il avait tout pour réussir. D’ailleurs, il avait réussi. Il y avait été dans cette université de NYU Grossman School of Medicine dont le simple nom signifiait tant. Il y avait réussi une année puis deux, haut la main. Il avait continué à s’investir dans les bureaux étudiants, il était devenu président de son BDE sans la moindre difficulté, les autres l’ayant poussé à proposer sa candidature alors que sa propre humilité lui avait hurlé qu’il n’avait pas la carrure pour ce poste. Il était  toujours aussi gentil, à faire du bénévolat pour des causes qui lui tenaient à coeur, à profiter de son temps libre pour aider des étudiants qui galéraient plus que lui ou encore à mener son équipe jusqu’à la victoire quand il n’était pas en train de faire des shootings photos pour des marques aux noms de plus en plus reluisants.

 

Il était toujours aussi parfait.